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Kazakhstan à Avignon : l’art comme puissance douce d’Asie centrale et partenaire stratégique de l’Europe

  • Photo du rédacteur: Europe Equitable
    Europe Equitable
  • il y a 38 minutes
  • 4 min de lecture

Dans un contexte d’instabilité régionale, le Kazakhstan affirme sa voix sur la scène internationale à travers un levier inattendu mais redoutablement efficace : la culture. Invité d’honneur du Festival OFF d’Avignon 2025, ce géant discret d’Asie centrale met en lumière une diplomatie culturelle ambitieuse, où le théâtre, le cinéma et la danse deviennent les vecteurs d’un dialogue entre traditions, luttes contemporaines et aspirations européennes.


À travers cette édition du Festival OFF 2025, le Kazakhstan ne vient pas seulement participer : il revendique une place dans la conversation européenne, par l’art, par la voix des femmes, par la mémoire, par l’intelligence du sensible. C’est une main tendue vers l’Europe, mais aussi une déclaration de maturité stratégique.
À travers cette édition du Festival OFF 2025, le Kazakhstan ne vient pas seulement participer : il revendique une place dans la conversation européenne, par l’art, par la voix des femmes, par la mémoire, par l’intelligence du sensible. C’est une main tendue vers l’Europe, mais aussi une déclaration de maturité stratégique.

Un geste culturel, un signal politique


Le choix d’Avignon n’est pas anodin. Lieu symbolique du théâtre en Europe, la Cité des Papes devient cette année le réceptacle d’une parole venue des steppes. À travers le programme des Journées de l’Asie centrale, organisé par IVA Company avec le soutien de la Ville d’Avignon et des ambassades du Kazakhstan et d’Ouzbékistan, le Kazakhstan inscrit sa voix dans une scène européenne en quête de nouveaux récits.


Mais au-delà de la vitrine artistique, ce que propose le Kazakhstan est une forme d’intégration douce dans l’espace culturel européen. Membre de multiples partenariats bilatéraux avec l’Union européenne, signataire d’un accord de partenariat renforcé (APECA) depuis 2020, le pays joue un rôle de pont stratégique entre l’Europe et l’Asie, entre modernité et héritages. En misant sur sa scène indépendante, le Kazakhstan affiche ici un visage pluraliste, profondément tourné vers les valeurs de dialogue, de mémoire et d’émancipation.



Almaty, cœur battant de la scène indépendante


Capitale culturelle du pays, Almaty est plus qu’une ville : elle est une matrice d’insoumission artistique et de recomposition identitaire. Le théâtre ARTiShok, fer de lance de cette scène, en est l’exemple le plus éclatant. Avec Maïakovsky, présenté à l’Atypik Théâtre, la compagnie kazakhe revisite le poète révolutionnaire dans une mise en scène punk, radicale, féministe. Saxophone, chant, corps en tension : le théâtre devient ici un langage de la révolte. “Il ne s’écoute pas – il se vit”, écrit le programme. Le pouvoir est déconstruit, le passé soviétique mis à nu, le patriarcat battu en brèche par une parole scénique vive et indocile.



De la mémoire chamanique à la modernité européenne


Cette parole est plurielle. À La Scierie, Tamyr, performance du Jolda Dance Theatre, fait émerger la mémoire des mères et des chamanes, dans une chorégraphie silencieuse qui devient acte de transmission. Zhanna Tulendy, fondatrice du projet, résume l’intention : “À travers la danse, nous cherchons à entendre les voix des ancêtres – et à devenir, à notre tour, les voix de demain.”


Cette démarche n’est pas seulement artistique : elle est profondément politique dans un pays en mutation, où les femmes, les minorités et les jeunes générations cherchent à inscrire leurs trajectoires dans un récit national renouvelé — et européen.



Marionnettes, cinéma, rhapsodies : les arts comme ponts


Du théâtre de marionnettes d’Almaty à Steppe Rhapsody du Théâtre Alataou, chaque œuvre présentée à Avignon compose une mosaïque culturelle où le sensible rencontre l’histoire. Le film BAQYT (Bonheur) d’Askar Uzabayev, produit par la figure médiatique Bayan Maxatkyzy, explore le tabou des violences conjugales avec une intensité bouleversante. Déjà primé à la Berlinale, le film pose une question universelle : qui protège les femmes lorsque les institutions se taisent ?


À travers ces créations, le Kazakhstan articule une diplomatie du sensible, où la scène devient le prolongement de choix politiques structurants : renforcer la société civile, faire émerger une parole indépendante, dialoguer avec l’Europe sur des bases humaines et créatives.



Un partenaire stratégique pour l’Europe


L’Union européenne est aujourd’hui le premier partenaire commercial du Kazakhstan. Mais au-delà du commerce, c’est dans la culture et la recherche que les ponts les plus profonds peuvent se bâtir.


Le Kazakhstan développe une vision multi-vectorielle : il regarde vers l’Asie, bien sûr, mais aussi vers l’Europe, avec qui il partage des enjeux communs — climat, égalité femmes-hommes, diversité culturelle, souveraineté numérique et lutte contre les influences extérieures.


En se rendant visible à Avignon, le pays ne cherche pas à séduire, mais à affirmer un ancrage symbolique en Europe, sans pour autant renier sa singularité.



Une Europe des marges, des voix, des passerelles


Ce que cette présence du Kazakhstan à Avignon révèle, c’est peut-être une autre idée de l’Europe : non plus un club fermé, mais un espace ouvert aux puissances voisines qui partagent ses valeurs, sans forcément en faire partie institutionnellement. Une Europe des coopérations intelligentes, des dialogues interculturels, où l’art permet de franchir des frontières géopolitiques que la diplomatie classique peine parfois à traverser.


Dans un monde fracturé, marqué par la montée des autoritarismes, des conflits informationnels et des récits simplificateurs, le Kazakhstan propose ici autre chose : une narration complexe, nuancée, poétique. Une parole ni alignée, ni soumise, mais profondément ancrée dans la volonté de bâtir un monde où le théâtre et la danse sont aussi des armes, des refuges, des leviers d’émancipation.



Avignon, un signal vers l’avenir


À travers cette édition du Festival OFF 2025, le Kazakhstan ne vient pas seulement participer : il revendique une place dans la conversation européenne, par l’art, par la voix des femmes, par la mémoire, par l’intelligence du sensible. C’est une main tendue vers l’Europe, mais aussi une déclaration de maturité stratégique.


Et si c’était là, justement, l’avenir de l’Europe équitable que nous appelons de nos vœux : un continent en réseau, fait de liens culturels, de solidarités nouvelles, de récits partagés au-delà des traités ? Le Kazakhstan, à Avignon, en esquisse la possibilité.

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